Le Claravox Centennial (édition limitée, voir les spécifications techniques ici) a été développé en collaboration avec les théréministes Dorit Chrylser, Pamelia Stickney et Grégoire Blanc. Trois théréministes de renom, certes, mais surtout un francophone conseiller de la marque, afin de développer un instrument attendu patiemment par toute la communauté du thérémine!
Petit tour d’horizon avec le théréministe français virtuose Grégoire Blanc, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions.
Etheremin : Grégoire, tu as eu la chance de pouvoir participer à l’élaboration du Claravox. Quelle opportunité incroyable, félicitations ! Comment est-ce arrivé ? Quelle a été ta contribution au développement de cet instrument ?
Grégoire : Effectivement c’est un privilège immense d’avoir pu faire partie de cette aventure. En février 2019, alors que j’étais de passage à Montréal pour une résidence artistique, Dorit m’a proposé de venir passer un weekend à New York pour partager la scène avec elle lors d’un grand concert dédié au centenaire de notre instrument préféré. C’était une soirée formidable, dans une immense église à Brooklyn, salle comble. Le public était aux anges, il y avait différentes parties au concert, de la musique classique, du contemporain, des impros plus électroniques. J’ai eu droit à une standing ovation quasiment à la fin de chaque morceau, c’était fou, je me souviendrais longtemps ! Dans le public, il y avait deux employés de Moog Music, qui ont été apparemment très émus par ma prestation. Un mois plus tard j’ai été contacté pour rejoindre le projet. J’ai pu donner mon point de vue et participer à titre consultatif aux toutes dernières étapes. J’ai reçu un premier prototype dans le courant de l’été. Les échanges ont été incroyablement constructifs et le résultat est formidable, quelle chance d’avoir un instrument pareil !
Ehteremin : tu joues habituellement sur un Etherwave Pro, le modèle utilisé par tous (ou presque tous) les joueurs professionnels de thérémine. Le Claravox est-il comparable à son prédécesseur en termes de jouabilité ? (linéarité, sonorité, expressivité) . Quelles sensations de jeux retrouves-tu ?
Grégoire : Il est vrai que l’Etherwave Pro faisait référence, c’était le dernier thérémine conçu par Bob Moog en personne, bien pensé, très complet, sensible, musical. C’est au thérémine ce qu’un Steinway de concert serait au piano. Je dois dire que le Claravox est dans la parfaite continuité de l’EPro. On retrouve les mêmes réglages de timbre, une forme finalement assez similaire, et le même confort de jeu. La linéarité est parfaite sur toute l’étendue du champ. Il y a quatre positions dans le sélecteur d’octave pour avoir accès à l’extrême grave comme à l’extrême aigu. La réponse du volume est formidable, on peut vraiment la paramétrer très finement. On a en effet accès à deux potentiomètres supplémentaires en façade pour ajuster la courbe de réponse de chacune des antennes.
Etheremin : Que penses-tu visuel de l’instrument : sa taille, son poids, sa transportabilité ?
Grégoire : L’esthétique en elle même, le design, c’est une question de goût. Moi j’aime bien mais je suis conscient que ça ne fera pas l’unanimité. Il est bien conçu, facile à transporter, à installer. Plutôt ergonomique aussi, le panneau de contrôle est incurvé vers le haut, le visuel sur les réglages est très bon. La connectique située à l’arrière est très pratique aussi. L’écart entre les deux antennes est identique à l’Etherwave pro, c’est large et super confortable.
Etheremin : Peux-tu nous décrire quelques-unes des nouvelles fonctions de cet instrument ? Quelle est ta préférée ?
Grégoire : Il y en a beaucoup, certaines changent la donne, d’autres sont plus anecdotiques. Parmi celles que je trouve les plus appréciables, vraiment le côté sur mesure de l’instrument. Chacun pourra le régler comme il le souhaite en fonction de sa technique de jeu, il est vraiment très flexible. L’architecture hybride analonumérique permet de sauvegarder tous les réglages que l’on veut dans le sélecteur de timbre à 6 positions, super pratique en live ! On peut très facilement le connecter à d’autres instruments électroniques, moduler des éléments sur Ableton Live avec le midi par exemple – et vice-versa : piloter les réglages de l’instrument directement depuis un ordinateur, une tablette, en utilisant l’outil logiciel développé par moog, ou bien par “Midi CC” (il faut quand même être bien familier de la norme midi mais pour ceux qui veulent expérimenter largement il y a tout ce qu’il faut !). En plus des trois réglages de timbres classiques, on peut utiliser un deuxième oscillateur, intégrer du bruit blanc, utiliser un filtre résonnant, déterminer si ces élements doivent être modulés ou non par les antennes. On peut aller assez loin dans la recherche sonore, c’est un vrai synthétiseur ! Le delay analogique intégré sonne super bien aussi, c’est chouette d’avoir un effet disponible directement dans l’instrument sans être nécessairement obligé de passer par une pédale de guitare électrique ou autre.
Ce que j’aime moins c’est la nouvelle fonction “quantize” qui discrétise la continuité de l’antenne de pitch. En clair au lieu d’avoir ce glissando permanent propre au thérémin, on se retrouve avec des notes en escalier. C’est injouable haha mais il y a sûrement la possibilité d’en faire quelque chose de créatif.
En fin de compte c’est un véritable défi que Moog a su relever haut la main : proposer une nouvelle version moderne du thérémine sans pour autant le dénaturer. Ce n’est pas un “contrôleur” c’est un instrument de musique. Il y a matière à faire de très belles choses avec ce Claravox !!
Etheremin va co-organiser avec Grégoire Blanc une session de question-réponse en direct sur les réseaux sociaux, afin que vous puissiez poser toutes les questions qui vous passent par la tête concernant ce nouvel instrument. Informations à venir à ce sujet tout bientôt!
Ce site utilise des cookies afin de vous offrir une expérience optimale de navigation. En continuant de visiter ce site, vous acceptez l’utilisation de ces cookies.